Ariane Bosquet

Painting
Ariane Bosquet a été invitée à Bamako, au Mali, en juillet 2008 pour une résidence d’artistes d’un mois chez Chab Touré, galériste, photographe et historien d’art. Après avoir commencé par faire quelques toiles classiques inspirées des couleurs locales, il lui fallait trouver un fil conducteur différent de ce qu’elle avait l’habitude de faire ici à Bruxelles. Elle a alors effectué un travail sur le thème des portes qu’elle a photographiées tout au long de son voyage. De vieilles portes en bois, en tôle, en fer, patinées par le temps. En récupérant de vieilles tôles rouillées le long des routes chez les ferrailleurs, elle a commencé par les utiliser en tant que support d’encadrement, en collant des petites toiles travaillées avec ses papiers, évoquant les portes. Mais cela ne lui suffisait pas, il fallait qu’elle aille explorer plus en profondeur ce nouveau matériau. Ce fut donc, au long de ces 3 semaines, un work in progress permanent pour finir à arriver à des œuvres incorporant ses matières travaillées à même la tôle, et s’éloignant de plus en plus du thème de la porte… : confondre la rouille du temps avec ses matières pour ne faire plus qu’un, ne sachant plus où l’un se situe par rapport à l’autre, toujours à la recherche de l’empreinte du temps qui passe sur les choses de la vie. Pour ses 4ème et 5ème séjours au Mali de novembre 2010 à avril 2011 et en hiver 2012, elle récupère, travaille et assemble le métal érodé, les papiers et les tissus usés, les vieux grillages qu’elle mélange cette fois-ci au banco orangé, à la latérite rouge et au sable de la dune de Koundou du village dogon où elle a séjourné. Elle offre pour le plaisir du public bamakois une série d’oeuvres puissantes, sensibles et inédites évoquant les paysages dogons. Techniques utilisées J’utilise différents papiers (papiers de soie, d’emballage, vieux rouleaux de fax, etc…) collés sur de la toile brute (recouverte d’un enduit transparent), qui sont ensuite retravaillés à la peinture acrylique, aux pigments naturels, au fusain, avec rajoutes à certains endroits de différentes matières (sable, modeling paste, ….) ensuite grattés au papier de verre, repeints, en couches successives, pour arriver à un effet d’usure, exprimant les empreintes du temps sur les choses. Pour rehausser la luminosité, j’emploie parfois des bâtons de peinture à l’huile, en dernière couche, à certains endroits. Une fois la toile terminée, elle est marouflée sur bois et encadrée. "Un pan de mur délabré, un dépouillement ruineux, un coin de vitre abandonné… De l’espace, je ne vois que le temps… Le temps est là, il passe, il me faut en témoigner : fatiguer les couleurs, chiffonner plus les papiers, rustiquer davantage les matières, jusqu’à l’écorchure. Alors que je surprends l’espace accablé de temps, le temps m’accable et j’accable à mon tour le papier, la matière et la toile, et tout cela ne fait qu’une même usure." "Dans l’œuvre d’Ariane Bosquet, (Bruxelles, 1959), le temps est un élément conducteur insaisissable. Elle parvient à capter cette notion impalpable l’espace d’un moment de son évolution. Qui dira d’où sont nées ces œuvres sans cesse travaillées et retravaillées ? Sont-elles le fruit d’un esprit unique ou plutôt d’une mémoire collective ? Sorties du plus profond des abîmes de l’âme, les œuvres d’Ariane Bosquet sont les dépositaires d’un instant dans le temps."

Date de naissance: 22 janvier 1959 – Bruxelles Formation: 1988-1996 : Ecole des Arts de Braine l’Alleud, section dessin objet et modèle Professeur: Alain Lambillotte