Emilie Terlinden & Isabelle Bonté
* Emilie Terlinden présente des toiles peintes à l’huile qui rassemblent vivants et nature et qui racontent des mondes particuliers, empreints de symbolisme et de questionnement. Dans des plans en perspective profonde, se massent des personnages au regard empli d'incertitude, figés dans la trame du temps et de la société, dans l'évanescence de leur vie ; ils semblent scruter l'invisible. Les arbres et les plantes luxuriantes qui les environnent, leur confèrent une humanité profonde et souligne le lien unique qui lie l'être à la nature. Qu'est l'homme face à lui-même ? Que perçoit-il réellement de ce qui l'entoure ? Comment ses pensées, ses souvenirs et ceux des autres se muent-ils en images dans son esprit ? L'artiste, dans son travail, fait référence à l'inconscient, aux parties cachées d'une réalité invisible à l'oeil mais tangible pour l'esprit. Des images atemporelles. Un chemin de réflexion sur l'humain, sa condition et sa nature.
Isabelle Bonté présente des oeuvres sur l’effacement. Que nous reste-t-il du passé, des gens croisés ? À peine un geste, une pose, un regard ; c’est ce que semble nous dire Isabelle Bonté. Ses tableaux, dont la palette chromatique est réduite au strict minimum, par l’emploi de la paraffine, nous montrent des êtres humains que l’on distingue plutôt qu’on ne les voit. Effacer un visage relève d’un parti pris tranché: l’artiste choisit de suggérer plutôt que représenter. Comme si le jeu ici était de savoir qui du mystère insaisissable de l’être ou des mécanismes très pratiques de la posture importait le plus dans la construction d’une personnalité. En effet, la façon dont Isabelle Bonté, déconstruit le portrait n’est pas un effacement du sujet. Bien au contraire, tout dans la construction de ces êtres est saisissant. Ces tableaux nous interrogent. Ils semblent explorer le sensible : leur sujet, comme perdu dans les limbes de la mémoire, erre sur un fond sans bornes, entre assurance, sensualité et désespoir. L’artiste plonge le spectateur dans une réflexion sur l’enveloppe, ce qui nous entoure, les murs des villes, la peau des choses, l’écorce des êtres. En organisant des manques, des vides dans les représentations, elle pousse le spectateur à réinventer les corps dont il ne reste que des fragments, des souffles, des textes, des postures, des signes organiques. Ainsi la rencontre avec son matériau de prédilection fait sens. Paraffine vient du latin parum affinis, « qui a peu d'affinité ». Ces deux mots, -paraffine / affinité-, procèdent de la même essence formelle, on retrouve dans le matériau ce qui marque le lien, la combinaison potentielle. Donc travailler avec la paraffine c’est travailler sur ce qui sépare et unit. Travailler avec la paraffine, c’est jouer avec les notions de frontière, le voile et la vue. Travailler avec la paraffine c’est créer une deuxième peau, étanche. " La peau est aux avant-postes du sujet "(Michel Serres)